Expérimenter, essentiel pour le cerveau et pour le bien-être

Nous savons que le jeu est essentiel pour le développement du cerveau. Cela a été maintes fois démontré par la recherche scientifique et ce n’est pas Maria Montessori, Freinet, Steiner qui diront le contraire… Pourtant le sens du mot jouer est souvent détourné … car jouer, c’est avant tout expérimenter !

EXPÉRIMENTER POUR APPRENDRE EN TOUTE SIMPLICITÉ

Pas besoin de jeux sophistiqués

jouet

Pour bien jouer, pas besoin de recevoir une tonne d’objets différents et plus sophistiqués les uns que les autres… n’en déplaise à notre société de consommation. D’ailleurs, avez-vous déjà considéré la simplicité du matériel Montessori ?

Jouer signifie plutôt découvrir son environnement et faire des expériences. C’est, en effet, en expérimentant que le cerveau fait des hypothèses sur son environnement et les testent. C’est en se trompant et en ayant un retour direct sur son hypothèse, qu’il apprend … (Gruber, 2014)

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Cela signifie que le jeu doit laisser l’enfant libre de manipuler, d’imaginer, de découvrir sans trop de contraintes ou de consignes à suivre … Fabriquer une cabane, observer les fourmis, organiser une chasse au trésor, n’était-ce pas comme cela que nos aïeux s’amusaient ?

Pas besoin d’activités sophistiquées

voyager avec son enfant

Pour expérimenter, pas besoin de voyager loin et de dépenser beaucoup d’argent. Une multitude d’activités peuvent très bien faire l’affaire et sont des occasions uniques d’apprentissage :

  • Une balade en forêt,
  • Une journée à la mer,
  • Une visite familiale,
  • Une expo, un musé,
  • Une chasse au trésor,
  • Une escape game,

Petit ou grand, c’est partager du temps en famille (selon les possibilités de chacun et chacune) pour expérimenter des situations nouvelles qui stimulera votre enfant.

EXPÉRIMENTER POUR ASSURER SON BIEN-ÊTRE

Jouer permet à l’enfant d’apprendre de son envirronnement mais aussi de se sentir bien. Et ce deuxième point est également scientifiquement démontré.

bonheur enfant

Le docteur Panksepp, neuroscientifique de renom, a longtemps étudié les fondements des émotions. Pour comprendre les activités neuronales des émotions, tellement primitives, il a étudié le comportement des rats car l’imagerie humaine ne laisse entrevoir que 5% de l’activité neuronale globale et ne donne pas d’information sur l’activité dans les régions plus « anciennes » du cerveau.

La joie

Jouer fait partie des activités instinctives de l’enfant en bas âge. Cette envie de jouer (que ce soit avec un jeu, lire un livre ou même aller sur un réseau social), naît d’une émotion de joie, logée dans ces fameuses parties primitives du cerveau qui nous pousse à interagir physiquement avec les autres. Cette région est elle-même connectée aux régions plus récentes d’un point de vue évolutif et qui gouvernent la pensée et l’apprentissage… (J1., 2016)

Le rire

De cette région d’où naît l’émotion de joie et l’envie de jouer, naît aussi l’envie de rire. Le rire dont les effets sur les états dépressifs et les addictions n’est plus à démontré (Panksepp J1, 2014).

expérimenter rire

RÉINTRODUIRE LE DROIT AU JEU …

Le cerveau, que ce soit pour apprendre ou que ce soit pour répondre à un besoin primitif de bien-être, a donc besoin de jouer. Jouer, au sens d’expérimenter.

Or, notre société actuelle laisse-t-elle vraiment la place au jeu au sens d’interaction physique et sociale, au sens d’expérimentation de l’environnement ?

Vous avez sans doute une opinion sur la question. La recherche scientifique a, pour sa part, démontré les effets que pouvait avoir sur un organisme le manque d’interaction physique et émotionnel.

  • L’hyperactivité, l’épidémie du siècle …

expérimenter

Si les jeux proposés sont de plus en plus sophistiqués, les jeux physiques, quant à eux, sont de plus en plus considérés comme un « trop plein d’énergie », voir comme de l’hyperactivité qu’il faut « éteindre » à grand renfort de substances chimiques … Alors même que ces activités sont activement encouragées par notre cerveau primitif pour assurer son bien-être …

Je vous invite à regarder cette vidéo. Notamment à partir de la minute 45 qui s’attache plus précisément à étudier les comportements chez des rats qui jouent. La recherche nous montre comment des produits tels que la Ritaline®, régulièrement utilisé pour « soigner » les enfants présentant un syndrome d’ « hyperactivité » ; vont supprimer chez ces enfants toute envie et toute joie de s’engager dans une interaction sociale …

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Des enfants dont les parents admettent qu’ils sont devenus moins joyeux, plus apathiques…plus « adultes » …

J’entends déjà les pro-Ritaline® s’offusquer … Saviez-vous qu’aux US, environ 10% des enfants en âge scolaire sont actuellement « traités » avec de la Ritaline® alors que l’Institut national pour la santé mentale indique que seulement 3 à 5% de ces enfants souffrent réellement d’hyperactivité ?! Mais alors, d’où vient ce « trop plein d’énergie » des enfants qui n’ont pas besoin d’être sous médication ? … Se pourrait-il qu’il vienne d’un besoin primitif non satisfait ? Se pourrait-il que son manque d’attention à l’école s’améliore quand on passe plus de temps avec lui, qu’il grimpe aux arbres plutôt que de rester avec son iPad toute la journée ? …

Ritaline bis

 

  • Sans cesse innover, ne jamais s’ennuyer …

Si l’enfant n’est pas occupé, il s’ennuie et cela nous effraie …tant et si bien que nous courons d’une activité à une autre pour combler les « temps morts ». Intéressant cette expression, n’est-ce pas ? Comme si ne rien faire, une activité pourtant propice à l’imagination et à l’expérimentation libre, était du temps perdu …

ritaline

 

De la même façon qu’il faut être occupé à tout instant, il faut aussi innover à tout instant …

On nous propose 1001 produits pour occuper nos enfants soi-disant de façon « intelligente ». Je ne vais même pas aborder la question des écrans, vous aurez déjà certainement deviné quelle est ma position sur le sujet…

Tout est fait pour que la cible marketing « Parent » et la cible marketing « Enfant » soient en demande constante du dernier produit à la mode et ce, en dépit de tout ce que nous avons appris sur le fonctionnement du cerveau humain.

Publicité pour un parc d’attraction suédois

J’ai récemment vu une publicité Facebook qui vantait les mérites d’un logiciel d’entrainement du QI pour des enfants à partir de 3 ans… C’est nouveau, c’est mode, votre enfant sera plus intelligent que son camarade de classe ! Et les likes affluent, les inscriptions et les achats aussi. Mais si on résume bien :

  • Utilisation d’un écran à l’âge de 3 ans. Oh wait – je pensais que c’était déconseillé à cet âge ?
  • Évaluation du QI d’un enfant de 3 ans par son parent. Oh wait – je pensais …
    • Que le QI n’était pas représentatif de l’intelligence,
    • Que ce n’était qu’un test parmi d’autres qu’on faisait passer chez un professionnel,
    • Qu’à 3 ans c’était trop tôt,
    • Qu’à 3 ans cela allait impacter l’estime que l’enfant à de lui et le regard de ses parents (entendu parler de l’effet Pygmalion ? C’est ici, c’est cadeau),
    • Que Que Que …

Et cerise sur le gâteau … Votre enfant n’est dans le « vert » que s’il atteint un QI de 130 … soit celui d’Einstein. Suis-je bête …il faut s’entraîner au logiciel payant pour atteindre ce QI.

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Notre société ne comprend plus ce qu’est le jeu véritable et son importance cruciale pour le développement de l’enfant.  Personnellement, j’ai décidé de les reconnecter à la nature au travers du jeu et de l’apprentissage de savoir-faire de base. Et vous, que feriez-vous ou qu’avez-vous fait ? Toutes les idées sont les bienvenues !

Activités Nature

Expérimenter – Bibliographie

Esher A1, C. T. (2017). Rational use of medicines, pharmaceuticalization and uses of methylphenidate. Cien Saude Colet., Aug;22(8):2571-2580.

Gruber. (2014). States of curiosity modulate hippocampus-dependent learning via the dopaminergic circuit. Neuron, 84(2):486-96.

J1., P. (2016). The cross-mammalian neurophenomenology of primal emotional affects: From animal feelings to human therapeutics. J Comp Neurol., Jun 1;524(8):1624-35.

Panksepp J1, Y. Y. (2014). Preclinical modeling of primal emotional affects (Seeking, Panic and Play): gateways to the development of new treatments for depression. Psychopathology., 47(6):383-93.

Siviy SM1, P. J. (2011). In search of the neurobiological substrates for social playfulness in mammalian brains. Neurosci Biobehav Rev., Oct;35(9):1821-30.

https://www.addictioncenter.com/stimulants/ritalin/

https://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/medicating/drugs/ritalinstats.html

https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-medicament-pour-enfants-hyperactifs-detourne-pour-carburer-aux-examens_be4a4fd6-2905-11e7-a853-3e1b090249bc/

 

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